Îlot Pépinière : quand Euralille expulse !

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Sitôt créé, sitôt en lutte. Le collectif de l’APU Fives n’a que quelques semaines quand il est sollicité pour soutenir les habitants de l’ilot pépinière. L’enjeu : l’avancée d’Euralille sur les maisons de la rue du faubourg de Roubaix. Promoteurs et décideurs contre habitants : la lutte est lancée !

[dropcap]F[/dropcap]in janvier. Le téléphone de l’APU sonne. Au bout du fil Antoine, un habitant de la rue du faubourg de Roubaix. « J’ai vu qu’un APU s’est créé dans le quartier. Il faudrait qu’on se rencontre. » Plusieurs propriétaires de la rue sont menacés d’expropriation. Leurs maisons doivent céder la place à de nouveaux immeubles d’Euralille. Le projet est appelé : « Ilot pépinière ». Ni une ni deux, le rendez-vous est pris pour la semaine suivante.

3 février. A une première rencontre informelle dans le salon d’Antoine, s’ensuit une réunion entre l’APU et l’ensemble des habitants concernés, un collectif est né : celui des « habitants de Saint Maurice Pellevoisin ». Mais le temps presse, une « enquête publique » est en cours à la mairie de quartier de Saint-Maurice. L’ enquêtrice, Mme Huart, a un mois pour recueillir les avis des habitants concernant la démolition des maisons. A la fin du mois de février, elle
rendra ses conclusions et approuvera (ou non) la « déclaration d’utilité publique » synonyme d’expulsion pour Antoine et ses voisins.2014.03.13 Banderole halte aux expropriations 5

15 février. Nouvelle réunion. L’APU et le collectif des habitants se sont mis d’accord pour rendre un document, un état des lieux de tous les problèmes rencontrés. En effet, le compte n’y est pas. Les promesses faites aux habitants n’ont pas été tenues : « pas d’expropriation » s’était engagé le maire de quartier Dominique Plancke, c’est pourtant bien la menace qui pèse sur les habitants. « Pas d’immeubles de plus de 3 étages » annonçaient les premiers documents de « concertation », ce sont plusieurs bâtiments de 9 étages qui doivent fleurir
aujourd’hui, « Une ville pour tous » criaient les élus, c’est à peine 5% de logements vraiment sociaux qui doivent voir le jour dans ces bâtiments. Si on ajoute à ça des qualités de vies douteuses (les maisons rachetées par la mairie pourrissent sur place), une analyse environnementale bancale quant à la pollution… Pour nous, la sentence est claire : les élus de la mairie et de la Communauté Urbaine et techniciens de la SPL Euralille ont tout faux ! L’APU mène son enquête. Au delà de la vingtaine de maisons concernées par la destruction c’est la pépinière du fleuriste Vallez qui doit aussi être bétonnée. 1,5 hectares de verdure doivent disparaître sous les coups des bulldozers. Contacté par téléphone, le fleuriste nous répond : « Les écolos du coin ont trouvé une espèce protégée de triton sur le site. Ils virent les vieux de 80 ans mais ils sauvegardent les tritons ! » Ils se foutent du monde. Mais on gardera quand même le symbole du triton. Partout où ils passeront outre l’avis des habitants, nous serons des tritons !

« Une ville pour tous » criaient les élus, c’est à peine 5% de logements vraiment sociaux

22 février. Nouvelle réunion. Cette fois-ci, on se rejoint chez Saïd. Le document commence à prendre forme. Il reste à revenir sur les méthodes des pouvoirs publics. Elles tiennent plus du harcèlement et de l’intimidation que de la négociation avec les habitants. Les autorités profitent de leur position de force en tant que représentants de l’État et de la position de faiblesse de certains propriétaires en raison de leur âge ou de leurs difficultés financières. Les offres de rachat sont moitié moins que les prix du marché.

  Dernier jour de l’enquête publique. Le document est terminé. Les habitants y joignent l’ensemble des courriers échangés avec les décideurs. Une dizaine de personnes, mêlant habitants et militants de l’APU, débarque en mairie de quartier. Notre délégation impressionne. Le dialogue se fait, on joint nos dossiers aux remarques de l’enquêtrice, on arrive à obtenir les photocopies de certains documents qui nous étaient refusés jusqu’alors. Au sortir de cet entretien, Amar l’un des habitants s’exclame « les dés sont pipés mais les jeux ne sont pas faits ».2014.03.13 Conférence de presse îlot Pépinière 1

13 mars. On n’en reste pas là. On continue notre petit bout de lutte avec les habitants. Le 13 mars c’est la pose d’une première banderole « Halte aux expropriations » rue du Faubourg de Roubaix et une conférence de presse dans la foulée. C’est l’occasion pour les habitants de raconter leur vécu, les fausses promesses, les interactions conflictuelles avec la mairie et la remise du rapport à l’enquêtrice. C’est l’occasion aussi pour notre association de nous présenter. Deux journalistes sont là. Et leurs photographes. Ça donne lieu à deux papiers dans Liberté Hebdo et 20 minutes. On demande des comptes aux élus. On veut des réponses à nos questions. Mais jusqu’à aujourd’hui : silence radio.

« Prends tes valises, on colonise »

Fin Avril. Une seconde banderole – « Quelle utilité publique ? Habitant dégage ! Ici on aménage ! » – vient égayer la rue. On ne lâche pas l’affaire ! L’enquêtrice avait un mois pour rendre ses conclusions. Le rapport devait tomber pour fin mars, après une prolongation d’un mois du délai pour l’enquêtrice ; on l’attend toujours impatiemment…

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