D est venu voir l’APU Fives à la fin du mois de septembre. Il a été orienté par le CCAS de Fives. Son problème ? Son propriétaire veut réaliser des travaux dans son appartement du Mont-de-terre.
[dropcap]Q[/dropcap]uelques jours avant notre rencontre, le propriétaire est venu dire à D qu’il devait partir, retourner chez ses parents. La pression monte encore quand quelqu’un vient faire des mesures pour les travaux et laisse un trou béant dans un des murs. Pour l’APU, le dossier semble assez classique : le bail de D le protège jusqu’en 2018. Le propriétaire n’a jamais envoyé un seul courrier pour prévenir de ces volontés de travaux. Notre réponse sera rapide : un courrier recommandé écrit par D avec le soutien de l’association pour rappeler au propriétaire les droits du locataire. Et le tour et joué ! Enfin c’est ce qu’on se disait, car l’affaire ne va pas en rester là.
Logement de moins de 9m2
Comme on le fait souvent, on prévoit tout de même une visite au domicile de D. Et là, c’est la claque ! L’appartement est au troisième étage d’une grande maison, sous les combles. Il est ridiculement petit : il ne fait pas les 9m2 réglementaires et on tient à peine debout à l’intérieur. La hauteur réglementaire de 2,20 m n’est atteint nulle part. C’est un cagibi sous les toits pour 200 euros par mois ! En plus de ça, le parquet n’a pas l’air en bon état… On accède à ce logement par une fébrile échelle de meunier très dangereuse. D a en plus quelques difficultés motrices qui sont reconnues par la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). C’en est trop.
Ni une, ni deux, on fait intervenir le service d’hygiène de la mairie de Lille pour faire constater l’état du logement. Le logement est déclaré en « inhabitable par nature ». Il faut que D sorte au plus vite. Il a déposé une demande de logement social depuis quelques mois. Pour faire accélérer les démarches, on l’accompagne rencontrer le service inter-bailleur de la ville de Lille qui peut orienter des familles vers les logement sociaux sur lesquels la ville possède un contingent.
Relogement et poursuites
Invraisemblable D habite ce cloaque depuis plus de 15 ans. L’espace ne lui permettait pas de recevoir ses enfants. Il a donc dû renoncer à son droit de garde. On prend alors contact avec un avocat spécialisé dans les questions de logement pour se renseigner sur ce qu’il est possible d’obtenir en dédommagement de la situation. Dans le même moment, D se voit finalement proposer un logement social neuf juste à côté de chez lui. Un logement dans le quartier, beaucoup plus grand et pas plus cher. L’affaire est encore en cours mais D commence à voir le bout du tunnel.